Quel futur sociopolitique pour la Côte d’Ivoire ?

Article : Quel futur sociopolitique pour la Côte d’Ivoire ?
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21 octobre 2021

Quel futur sociopolitique pour la Côte d’Ivoire ?

En Côte d’Ivoire, on dénombre plusieurs partis et coalitions politiques. Le Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA), le Front populaire ivoirien (FPI) et le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) pèsent dans la balance. La récente formation politique de Laurent Gbagbo, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), ne pourrait par ailleurs être minimisée.

Les surprenantes unions et les divorces de politiciens depuis les années 90 ainsi que la mise en avant de nouvelles ambitions politiques ces dernières années laissent s’interroger sur l’avenir sociopolitique du pays qui attirait la sous-région pour sa stabilité et son potentiel économique.

Les forces en présence en Côte d’Ivoire

Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA)

Citons, pour commencer, le « vieux parti ». Il est sans conteste une formation politique de poids. C’est le parti d’Houphouët-Boigny, premier Président de la République de Côte d’Ivoire qui a régné pendant 33 ans. Le pouvoir exécutif est resté entre les mains du PDCI 39 années durant. Le PDCI est le principal pilier du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) qui favorise la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle ivoirienne de 2010.

Le Front Populaire Ivoirien (FPI)

Il est l’historique parti d’opposition sous la bannière duquel Laurent Gbagbo est face à Houphouët-Boigny en 1990. Mieux, Laurent Gbagbo remporte les élections de l’an 2000 en tant que candidat du FPI. C’est le premier parti qui exerce le pouvoir après le PDCI.

Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP)

La troisième force que l’on peut citer est le RHDP qui était, à l’origine, le regroupement du PDCI et du Rassemblement Des Républicains de Côte D’Ivoire (RDR) d’Alassane Ouattara ainsi que d’autres partis dont l’Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (UDPCI). Créée en 2005, la coalition assure la victoire d’Alassane Ouattara face à Laurent Gbagbo en 2010. Elle présente son candidat et donc celui de tous les partis qui la composent en 2015. Ce dernier, notamment le Président sortant Alassane Ouattara remporte alors l’élection haut les mains avec 83% des voix. Grâce à la coalition, il n’a pas véritablement d’adversaire.

Notons que le nouveau-né, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) a sa place dans les rangs des forces en présence en Eburnie, parce qu’il a pour président Laurent Gbagbo. Laurent Gbagbo, l’ancien président de la République mais surtout Laurent Gbagbo, l’ex N°1 du FPI.

Le théâtre des mariages et des divorces de politiques

Quelqu’un a dit que « toutes les alliances politiques sont bonnes à faire », peut-être parce que l’essentiel est de conquérir le pouvoir, de l’exercer. Depuis 1995, année de la première élection présidentielle après la mort d’Houphouët-Boigny, on assiste à des soutiens et des alliances entre politiciens, partis politiques puis à des ruptures qui participent à l’instabilité sociopolitique en Côte d’Ivoire.  

Le soutien de Gbagbo à ADO en 1995

Alassane Ouattara dit ADO, président actuel de la Côte d’Ivoire, a été l’unique Premier ministre sous Houphouët-Boigny. Houphouët-Boigny lui a confié la tâche en 1990. Lorsque Houphouët meurt en 1993, la question de sa succession est d’actualité. Henry Konan Bédié (HKB), « le dauphin » ou celui à qui on a fait appel entre autres pour ses qualités d’économiste ? Qui pour gouverner ?

Après ses deux années d’exercice (1993-1995), HKB, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale demeure à la tête du pays suite à son élection face à un seul adversaire en 1995 : le candidat Francis Wodié du Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT). L’un des potentiels adversaires de poids, ADO, ne pouvait, en effet, se présenter à l’élection à cause de la réforme du code électoral en décembre 1994.  Le fameux article 49 du code stipulait que les candidats à la présidence devaient être de père et de mère ivoiriens. L’on disait alors de la nationalité du Président ADO qu’elle était « douteuse ».    

L’autre éventuel opposant de poids, Laurent Gbagbo, était pour le boycott des élections. Un boycott pour marquer son soutien à ADO, exclu de la course à la présidentielle.

Troubles sociopolitiques de 1999 à 2011

Henry Konan Bédié quitte le fauteuil présidentiel après le coup d’Etat du 24 décembre 1999. Le Général Robert Guéï prend les rênes du pays. Alassane Ouattara qui était en France rentre en Côte d’Ivoire et compte se présenter à l’élection présidentielle. Seulement, l’article 35 de la nouvelle constitution dispose que « (…) Le candidat à l’élection présidentielle doit être âgé de quarante ans au moins et de soixante-quinze ans au plus. Il doit être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine (…) Il doit avoir résidé en Côte d’Ivoire de façon continue pendant cinq années précédant la date des élections (…) ». Outre la même problématique liée à la nationalité à prouver, l’article 35 disqualifiait les candidats Alassane Ouattara et Henry Konan Bédié pour n’avoir pas résidé de façon continue en Côte d’Ivoire de 1995 à 2000.

Les résultats de l’élection de l’an 2000 annoncent la victoire de Laurent Gbagbo avec 59% des voix. Une victoire contestée par Robert Guéï en deuxième position avec 32% des votes. Le 19 septembre 2002, une rébellion armée bouleverse l’atmosphère déjà tendue en Côte d’Ivoire. Il y a plusieurs morts, le général Guéï est assassiné. Le pays est coupé en deux.

Le Président Laurent Gbagbo est à la tête du pays pendant dix ans. Aucune élection présidentielle n’a cependant lieu avant le 31 octobre 2010 à cause de la crise qui divise le pays. Parmi les dispositions prises afin d’établir la paix, figure l’acceptation des candidatures des représentants des partis politiques signataires des accords de Marcoussis pour la prochaine élection présidentielle. Alassane Ouattara a ainsi son passeport pour tenter sa chance d’être Président de la République de Côte d’Ivoire.

Union Bédié-ADO

Henry Konan Bédié est classé 3ème à l’issue du premier tour de la présidentielle de 2010. Il obtient 25 % des voix quand Gbagbo et ADO ont respectivement 38 et 32 %. Bédié, membre de la coalition RHDP née depuis 2005 soutient ADO. Les leaders des partis de la coalition invitent leurs partisans à voter ADO. Alassane O. est proclamé vainqueur par la Commission Electorale Indépendante le 2 décembre 2010 mais ce résultat est invalidé par le Conseil constitutionnel qui donne Gbagbo vainqueur. S’ensuit la crise post-électorale ayant fait officiellement 3000 morts.

Le RHDP règne en maître

Pour les élections de 2015, Alassane Ouattara n’a en face de lui que Pascal Affi N’Guessan, Président « d’une partie du FPI ». Le FPI est en effet disloqué depuis l’arrêt de Laurent Gbagbo et les soupçons pesant sur Affi N’Guessan. Ce dernier est soupçonné de trahir la lutte, de n’agir que pour ses intérêts et même d’être à la solde d’ADO.

Le candidat du RHDP remporte l’élection sans difficulté. Tout va bien dans le meilleur des mondes. L’article problématique de la constitution de 2000, le 35, ne cause plus de souci. Désormais, toute personne, ivoirienne de père ou de mère peut prétendre à la magistrature suprême. L’article 55 de la constitution de novembre 2016 tient la promesse de la reforme faite par ADO lors de sa campagne. Il n’y a plus d’âge « plafond » pour se présenter à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Bonne nouvelle pour les seniors, vétérans de la politique !  

Dislocation du RHDP

Le projet de faire du RHDP un parti en 2018 pousse HKB à se retirer de la coalition. Mabri Toikeusse de l’UDPCI continue cependant la marche avec ADO. Une marche qui devient difficile lorsque ce dernier désigne Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti pour la présidentielle de 2020. Les plus grands partis anciennement membres du RHDP, à savoir le PDCI et l’UDPCI s’inscrivent même dans la logique du Conseil National de Transition (CNT).

Retour de Laurent Gbagbo et création du PPA-CI

Après 10 ans à la Haye, le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ne passe pas inaperçu. Entre liesse de sympathisants partis l’accueillir, affaires conjugales rocambolesques, bruits de création d’un nouveau parti, il y a de quoi discuter. Gbagbo décide de « laisser entre les mains » de Simone Gbagbo de qui il veut divorcer et de Affi N’guessan, un FPI disputé.  

Lors du congrès constitutif du Parti des Peuples Africains Côte d’Ivoire (PPA-CI), ces 16 et 17 septembre 2021, L. G. confirme qu’il n’est pas près de quitter la scène politique.

A quels candidats et alliances politiques doit-on s’attendre pour 2025 ? La loi fondamentale sera-t-elle « mise à jour » ?

La tendance des candidatures indépendantes

Il y a eu 807 candidats indépendants sur 1 533 pour les législatives 2021. Nombre d’entre eux ont tenté leur chance après avoir essayé d’acquérir le soutien de leurs partis. Peut-être devrions-nous nous attendre à cette configuration pour la présidentielle de 2025 : une multitude de candidats indépendants et jeunes qui bouleverseront le paysage politique.   

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Commentaires

Abel
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Très instructif.

Lisi Yao
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Merci Abel ! :)

Koua wa
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Wow le lecteur a fait l'historique des partis politiques. Très instructif

Lisi Yao
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Merci ! :)

Kouassi
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Très bel exposé de notre atmosphère politique. Merci pour cette analyse pertinente.

KABRE Yamba
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Bel article complet

Lisi Yao
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Merci KABRE ! :)