Jocelyn Danga, la grosse pépite congolaise

Article : Jocelyn Danga, la grosse pépite congolaise
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11 août 2020

Jocelyn Danga, la grosse pépite congolaise

Jocelyn Danga… Une longue histoire, des histoires, une grande histoire. Et oui, je me permets d’imiter faussement des philosophes : mystère, labyrinthe, énigme… parfois. Non-sens ? Même l’insensé répond à une logique. Jocelyn Danga, c’est une grosse pépite congolaise, un bijou littéraire lauréat de prix nationaux et internationaux.

Capture d’image – profil Facebook Jocelyn Danga

La rencontre

J’ai fait la découverte de Jocelyn D. alors que je cherchais à me faire une idée des finalistes d’un concours de poésie auquel j’ai participé, le concours La Différence – Prix Maurice Koné. Dans ma démarche, j’ai pu lire ses mots et des mots sur lui. Ils m’avaient juste laissée hébétée, pantoise.

Les extraits de poésie et d’interview qui m’ont bouleversée

Je suis l’absence
Une ombre solitaire au milieu de vous
Traînant mon corps en impossible embarras
Souffrant l’indicible sort du rejet
À toujours espérer dans le silence où je m’inonde
Et parfois quelques larmes non encore séchées
Suintent de ces yeux qui ne sont que vide blafard
Ne pouvant voir personne
Et que personne ne veut voir.

Je suis la part de poussière
Qui racle ses jours comme une amertume
Sur vos visages l’expression de mon désarroi
Foudroie mon être en intenable saillie
Et me fond l’âme de me voir ainsi
Condamné à ne jamais marcher…

Extrait du poème Les Embarras de Jocelyn Danga – https://difference.christinagoh.com/

Au cours de son interview, la question de savoir depuis quand est-ce qu’elle écrit a été posée à notre pépite. Elle y a alors répondu en ces termes :

(…) tous les jours je me forge, j’apprends et je nourris ma plume un peu plus, concevant la perfection comme étant un processus plutôt qu’un état atteignable… Enfin bref…

Extrait de l’interview de Jocelyn Danga – https://difference.christinagoh.com/

Pourquoi est-ce qu’il aime écrire ? Une autre interrogation qui a meublé l’entretien du poète. Et, sa réponse a été la suivante :

J’écris pour plusieurs raisons, persuadé d’y trouver le sens de toute une vie. Mais il y a aussi ce délire qui me courtise tant. L’expression jouissive de ses anges et de ses démons intérieurs… De ses tortionnaires et de ses sauveteurs…

L’écriture donne du sens et sublime des choses. Elle a aussi la manie de te faire croire qu’en fait, elles ne valent rien… Des paradoxes qui en réalité excitent plus qu’autre chose…

Extrait de l’interview de Jocelyn Danga – différence.christinagoh.com

Vous pouvez consulter le poème et l’interview dans leur intégralité ici.

Je ne sais pas, j’étais comme abasourdie. Les mots de Jocelyn avaient l’air énigmatiques, vagues, de ceux qui sont aussi trop simples pour être compris simplement. Son sourire sur l’image d’illustration de l’article semblait encore plus troublant. Ce visage… Le personnage m’attirait et m’intriguait autant par son air naturel que mystérieux.

Grâce à Internet, j’ai pu me lier d’amitié avec l’homme si accessible pour moi. Il s’est tout de suite montré disposé, disponible. Intriguant ! Un aussi jeune monsieur rempli de ces choses qu’on ne trouve plus, sinon que l’on trouve de plus en plus rarement. La jeunesse, aujourd’hui, je vous laisse imaginer l’image qu’elle renvoie de façon générale.
Jocelyn a partagé avec moi sa philosophie poétique : la poésie, c’est plus que des mots, plus que des images… C’est un esprit. La poésie, c’est dire en peu de mots, une mare de sentiments. J’ai été agréablement surprise de savoir qu’il était le lauréat du concours.

Je suis tombée amoureuse

Je suis tombée amoureuse de cet homme. Son texte pour La Différence collait bien à celui que j’avais découvert. J’avoue que je ne l’avais pas compris tout de suite, son texte. Quand ce fut chose faite, les émotions ont juste saturé mon esprit et mon cœur. Je retenais une cascade de larmes chaudes. Je voyais cet enfant que l’on regarde de différentes façons, celui qui n’a rien demandé et qui souffre à cause de son apparence, à cause de ses incapacités. Je voyais aussi ces enfants appelés « enfants serpents » en Côte d’Ivoire, parce qu’ils se déplacent en se traînant, parce qu’ils ne peuvent pas marcher. Ces êtres humains considérés comme des génies qu’il faudrait expédier dans un autre monde…

Je vous invite à découvrir ou à redécouvrir Jocelyn Danga dans cet interview à la Lisi.

Facebook J. D. – Fête du livre de Kinshasa, édition 7

Jocelyn Danga est né à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, le 29 juillet 1993. Au secondaire, il découvre son amour pour les lettres et embrasse la série littéraire pour finalement décrocher son diplôme d’Etat (Baccalauréat) en Latin-Philosophie à Kisangani, en 2012. Après son diplôme, il retourne à Kinshasa poursuivre ses études à l’université en sciences de l’information et de la communication. Il finit gradué (bac +3) en 2016.

Jocelyn, ton amour pour la plume, on en parle un bout ?

C’est au lycée que je commence à gratter mes premiers textes, mais c’est ma nomination en 2011 au concours national de poésie sur Laurent Désiré Kabila, troisième Président de l’histoire de la République, qui contribuera à attiser mon amour pour la plume qui alors était timide. Le concours avait été organisé par la fondation Laurent Désiré Kabila.
A l’université, j’ai complètement renoué avec l’écriture et décidé de partager mes productions. En 2015 j’ai publié « De l’amour à la mort », un texte de nouvelle, empreint de poésie classique et j’ai remporté en 2016 le prix du concours de poésie Matiah Eckhard.

Parlant justement de prix, peux-tu citer quelques-uns de ceux que tu as remporté ?

Je suis lauréat des prix :

  • Mattiah Eckhard 2016,
  • Maurice Koné 2019,
  • Tourbière des écritures dramaturgiques congolaises 2020

J’ai par ailleurs été nominé à plusieurs prix internationaux aussi bien en poésie qu’en nouvelle : Chansons sans frontières, Sédar Senghor de Africa Solidarieta. Quant aux prix nationaux, je peux citer le prix Zamenga de la nouvelle et mon rang de troisième aux prix Théâtre jeune démocrate et au concours littéraire Covid 19, nouvelles de chez moi d’AUF-UNESCO.

Quels conseils Jocelyn D. donnerait-il aux personnes qui aimeraient gagner des prix comme lui ?

Écrire, persévérer, s’imposer une certaine rigueur aussi… ne pas se satisfaire car la satisfaction peut s’avérer être un piège parfois…

Les auteurs qui inspirent notre auteur ?

Racine, Aragon, Julien Mabiala, Fiston Manza Mujila, Sinzo Aanza, Valentin-Yves Mudimbe, Hala Moughani, Aimé Césaire, Vincent Lombume, Jean d’Amérique, Flora Souchier, Jean-François Joubert, Nadine Leon, Jean Diharce… Ils sont nombreux ceux dont la plume me parle personnellement… ils sont aussi de tous âges et de tous horizons.

A part la poésie, d’autres passions pour Jocelyn ?

La réflexion…

Qu’en est-il du plat préféré de notre poète ?

Le riz et le haricot, et je sais cuisiner ! 🙂

Depuis la fin de l’année 2019, le monde est éprouvé par la Covid-19. Comment Jocelyn vit-il tout cela ?

J’ai raté un voyage pour un atelier d’écriture théâtrale au Bénin… Il y a des contraintes sociales ou institutionnelles totalement débiles… Je ne sais pas vraiment dire ce qui me marque… Je ne sais pas non plus dire si je suis marqué positivement ou négativement…

Quels sont les thèmes qu’il te tient à cœur de développer dans tes écrits ?

Les violences conjugales, l’émancipation féminine, l’immigration, la guerre à l’Est, la solitude, l’espoir, la peur, le doute…

Tu nous parles de ton futur projet littéraire ?

J’ai plusieurs projets. Mon prochain livre c’est celui pour lequel j’aurais signé un contrat d’édition avec un éditeur… et je n’en suis pas encore là pour le moment. Vous pouvez toujours, en attendant, déguster Le Large !

Comment ne pas être amoureux de quelqu’un qui a pour passion la réflexion? Pour suivre le blog Facebook de Jocelyn Danga, c’est par ici. A bien vite sur Le fourre-tout intelligent pour une autre aventure !

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Commentaires

Kouame
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Interessant

Lisi Yao
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Merci Kouame ! :)

Abel KOUAMÉ
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J'ai lu vos échanges avec beaucoup d'intérêt. Bonne continuation à l'auteur et bon vent à toi, L'ISI.

Lisi Yao
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Merci cher ami et auteur Abel ! :)