Que doit-on retenir de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ?

Article : Que doit-on retenir de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ?
Crédit:
8 novembre 2020

Que doit-on retenir de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ?

L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire s’est tenue le 31 octobre. Le vainqueur du scrutin, selon la Commission électorale indépendante (CEI) : M. Alassane Ouattara, surnommé ADO. ADO a, selon les chiffres de la CEI, remporté l’élection avec 94,27 % des voix. Seulement, depuis l’annonce de la candidature d’ADO à l’élection, l’atmosphère sociopolitique en Côte d’Ivoire n’a pas toujours été paisible. Appel à la désobéissance civile de l’opposition, création d’un Conseil national de transition, poursuites du gouvernement pour sédition… Aujourd’hui encore, la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire inquiète.

Sur 44 candidatures à l’élection présidentielle analysées par le Conseil constitutionnel, seulement trois ont été jugées recevables, en plus de celle d’ADO. Ce sont les candidatures du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), M. Henri Konan Bédié, celle du président du Front populaire ivoirien (FPI), M. Affi N’Guessan et enfin, celle du candidat indépendant Kouadio Konan Bertin, dit KKB. KKB, le seul candidat qui a battu campagne contre ADO. Les autres ont lancé un appel à la désobéissance civile et au boycott de l’élection.

Les raisons de l’appel à la désobéissance civile et au boycott de l’élection présidentielle

L’annonce de la candidature d’ADO à l’élection a défrayé la chronique. Le fait est que le président avait préalablement dit qu’il ne se présenterait pas à l’élection. Des voix se sont d’abord élevées pour dénoncer une candidature anticonstitutionnelle. Elles mettaient en avant le fait que la loi fondamentale n’autorise qu’un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois.

La validation de la candidature d’ADO et l’invalidation de 40 candidatures sur 44 dont celles de personnalités politiques telles que le professeur Mamadou Koulibaly et le Dr. Albert Mabri Toikeusse qui n’auraient pas, selon le Conseil constitutionnel, rempli les conditions relatives au parrainage, a ensuite soulevé la question de son indépendance. Le non retrait de la candidature d’ADO, la réforme de la CEI exigée par l’opposition qui n’a pas abouti, voilà pour finir certaines des raisons de l’appel à la désobéissance civile et au boycott de l’élection.

Un message passé dans plusieurs communes

Si la CEI a évoqué quelques incidents qui n’entachent pas la crédibilité de l’élection présidentielle, il faut noter qu’il y a eu des troubles dans plusieurs localités. M’batto, Bongouanou, Bonoua, Saioua, Toumodi, Yamoussoukro… Il y a eu des troubles. Le matériel électoral a été détruit par des manifestants dans nombre de villes. Malheureusement, les manifestations depuis l’appel à la désobéissance civile se sont soldées par la destruction de biens matériels et des pertes en vies humaines. Selon les chiffres donnés par M. Pascal Affi N’guessan le premier novembre 2020 lors d’une conférence de presse, une centaine de personnes ont trouvé la mort depuis l’annonce de la candidature d’ADO. Des morts dont la responsabilité serait imputable au pouvoir en place, accusé de mandater des miliciens pour attaquer les manifestants.

La création du Conseil national de transition (CNT)

Comme l’on pouvait bien s’en douter, l’opposition ivoirienne n’a ni reconnu l’élection, ni le candidat déclaré vainqueur comme président. Elle a en effet mis en place le CNT, avec à sa tête le président Henri Konan Bédié. Un conseil ayant pour objectifs de « préparer le cadre de l’organisation d’une élection présidentielle juste, transparente et inclusive », « mettre en place un gouvernement de transition » et « convoquer les assises nationales pour la réconciliation définitive en Côte d’Ivoire ».

La réaction du gouvernement

Si pour l’opposition ivoirienne il y a « vacance du pouvoir », le gouvernement a lancé des poursuites pour « sédition ». Des poursuites à l’encontre de ceux qui ont appelé à la désobéissance civile, au boycott des élections et qui ont mis en place le CNT.

Le 3 novembre 2020, le président Bédié a reçu la visite d’agents de forces de l’ordre et de sécurité. Plusieurs personnalités dont le Secrétaire exécutif du PDCI-RDA, le Professeur Maurice Kakou Guikahué, ont été emmenés ce jour-là. L’on a par la suite appris qu’un « blocus » a été imposé aux résidences des leaders de l’opposition. Le 6 novembre, le Procureur de la République a informé que Affi N’guessan et Mabri Toikeusse sont recherchés.

Quel sort pour les leaders de l’opposition ?

Des communications ont informé le public du déferrement de M. Guikahué et d’autres membres du CNT à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA), ainsi que de l’arrestation d’Affi N’guessan. Tenus responsables des dégâts et des morts survenus après l’appel à la désobéissance civile, les leaders de l’opposition risqueraient jusqu’à 20 ans de prison et même la prison à vie.

Quel futur pour la Côte d’Ivoire ?

Alors que le président Bédié a demandé la libération de ses paires et le retrait des forces au niveau de leurs domiciles, les messages de respect de l’ordre constitutionnel, d’invitation à la dissolution du CNT et à l’instauration du dialogue ont été portés par l’ONU, l’UE et l’UA.

Pour répondre à la question relative au futur de la Côte d’Ivoire, seul le futur semble pouvoir nous répondre. L’ancien président de l’Assemblé nationale, M. Soro Guillaume, ainsi que d’autres membres de l’opposition, demandent le soutien du peuple, assurent de la continuité du CNT. Le gouvernement compte quant à lui arrêter tous ceux qui portent atteinte à la sûreté de l’Etat.

Étiquettes
Partagez

Commentaires